Le patrimoine jurassien

D'une génération à l'autre

Pierre Dumas était le fils de l'architecte Fernand Dumas, connu notamment pour ses églises. Entre 1958 et 1960, Dumas fils réalisa, à Cottens, le projet d'église dessiné par son père, où c'est la lumière indirecte du chœur qui capte toute l'attention. A Belfort, il développa, pour l'église Sainte-Thérèse (1960-64), un contre-projet radical, où la spectaculaire coque et les grands vitrages structurels forment, ensemble, un système statique ingénieux. Au Noirmont, Dumas opéra la synthèse des deux modèles. Alors que les étroites ouvertures ménagées dans les murs latéraux et la lumière indirecte qui rejaillit sur l'autel rappellent l'église de Cottens, la coque qui couvre l'espace évoque celle de Belfort. Depuis le revêtement de plafond jusqu'à l'usage des couleurs, tout contribue à focaliser les regards sur le chœur, la structure étant, pour sa part, entièrement mise au service de l'espace.
 

Architecture
Pierre Dumas

Année de construction
1962 - 69

Un vent nouveau dans les anciens murs

Le bâtiment de l’Auberge du Mouton trône depuis 1715 en haut de la Grand-Rue dans la vieille ville de Porrentruy. Les nouveaux propriétaires ont voulu apporter une bouffée d’air frais dans l’exploitation passablement essoufflée de la maison. La restauration parfaitement menée témoigne bien des options choisies: les ajouts peu réussis du passé ont été supprimés pour revenir à la précieuse substance bâtie de l’édifice. L’aménagement réduit insuffle par touches discrètes un dynamisme nouveau et laisse avant tout parler la pierre et le bois. Ce mélange entre tradition et plaisir de créer se retrouve également au restaurant du rez-de-chaussée, spécialisé dans les saveurs du terroir.

Année de construction
Construit en 1715
Restauré en 2016: Guy Froidevaux

Manoir avec jardin

Au début du 18e siècle, un haut fonctionnaire du prince-évêque de Bâle se fit construire un imposant manoir au pied du château de Porrentruy. Après avoir connu divers propriétaires de renom, la majestueuse demeure avait sombré dans une longue léthargie, d’où elle fut tirée par l’actuelle propriétaire, qui entreprit une restauration complète des lieux. Tandis que les sols et les plafonds historiques ont été conservés, le nouvel aménagement répond parfaitement aux exigences de confort contemporain. Depuis 2019, cinq chambres invitent à passer la nuit dans l’aile du manoir située du côté de la plaine. Jouissant d’un accueil personnalisé, les hôtes peuvent se rendre dans le généreux jardin avec piscine et apprécier la vue sur le château et la vieille ville.

Année de construction
Construit dans la 1re moitié du 18e siècle
Restauré en 2019: Sironi architectes

Des plantes du monde entier

La petite ville de Porrentruy, au nord-ouest de la Suisse, possède un remarquable jardin botanique, qui passe – après celui créé à Bâle en 1589 – pour le deuxième plus ancien du pays. Ses collections, dont certaines ont valeur de référence, comportent une multitude de spécimens. Dans la cour de l’ancien collège des Jésuites fleurissent, au début de l’été, de nombreux rosiers et près de 180 variétés d’iris. L’une des serres est exclusivement dédiée aux cactées; une autre abrite la plus importante collection suisse de Tillandsia, provenant en majeure partie d’Amérique du Sud. Le parc arborisé est moins spectaculaire, mais pas moins intéressant: on y trouve en effet de magnifiques résineux centenaires, dont un thuya géant à plusieurs troncs, ainsi que des rocailles où poussent quelque 800 plantes issues de l’Arc jurassien.

Année de construction
1793, 1832

Béton sous presque toutes ses formes

Le premier mandat important confié à Jeanne Bueche (1912–2000) fut celui de la chapelle de Montcroix. C’est elle également qui allait signer par la suite plusieurs bâtiments sacrés du Jura. L’influence de l’architecte français Auguste Perret (voir nos 12, 27) est ici sensible. Un squelette de béton supporte un revêtement du même matériau, qui ressort visiblement de la structure portante. Comme les milieux conservateurs jugeaient le béton trop ordinaire pour un bâtiment religieux, le projet suscita de violentes réactions. Mais c’est précisément de la présence du béton sous presque toutes ses formes – brut, poli, lavé, structuré – qu’émane la magie du bâtiment. L’autel est éclairé par une ouverture dans la voûte, tandis que des éléments en nid d’abeilles garnis de fragments de verre coloré contribuent à l’atmosphère du lieu.

Architecture
Jeanne Bueche, Delémont

Année de construction
1950